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Introduction

Dans le monde numérique d'aujourd'hui, les jeunes évoluent au sein de paysages sociaux complexes et sont souvent confrontés à de nouveaux défis qui étaient pratiquement inconnus il y a seulement une génération.


L'un de ces défis est le phénomène du sexting, c'est-à-dire l'envoi de messages, d'images ou de vidéos à caractère sexuel via SMS ou sur les réseaux sociaux. Outre tous les aspects liés au sexting proprement dit (plus d'informations à ce sujet dans la section ‘Informations contextuelles Sextoooh : sexting’), une autre dimension doit être prise en compte, à savoir le rôle des stéréotypes de genre dans le sexting.


Afin de mettre en place une prévention efficace et de véritablement soutenir et éduquer les jeunes, il est essentiel de bien comprendre le rôle de ces stéréotypes de genre dans ce contexte. 

Le genre : une structure sociale complexe

Le genre peut être considéré comme les attentes sociales associées au fait d'être une femme ou un homme. Dans chaque société, il existe en effet des conceptions générales sur la manière dont un homme ou une femme pense, ressent et se comporte (ou devrait le faire).


Les comportements supposés féminins et masculins sont devenus une routine et la majorité de la population les considère donc comme ‘naturels’.


En tant qu'êtres humains, nous sommes - consciemment ou inconsciemment - très souvent concernés par le genre. Lorsque nous voyons quelqu'un pour la première fois, nous ‘lisons’ son sexe biologique ou son identité de genre à travers nos ‘lunettes de genre’ (idées, attentes et normes relatives à ce qui est ‘féminin’ et ‘masculin’). Cette personne est-elle une femme ou un homme ? Cette personne correspond-elle à notre ‘norme’, ou non, du féminin ou du masculin ? Sur cette base, consciemment mais aussi très souvent inconsciemment, nous adaptons notre interaction.
Le concept de genre fait partie de nos connaissances culturelles et constitue en même temps une facette de l'identité de chacun. 

Sexe biologique et identité de genre

Le sexe biologique fait référence aux caractéristiques physiques qu’une personne reçoit à la naissance, comme les chromosomes, les hormones et les organes reproducteurs. Le sexe biologique est souvent considéré comme une donnée binaire (féminin ou masculin), mais en réalité, il existe plus de 40 variations possibles entre ces deux extrêmes. On parle alors de personnes intersexes ou de variations intersexuelles, ce qui concerne 1 personne sur 60.


Le sexe qui vous est assigné à la naissance est votre sexe légal, qui reste souvent binaire, féminin ou masculin, que vous soyez intersexe ou non.


L'identité de genre, en revanche, est un sentiment profondément personnel et intérieur de son propre sexe, qui ne correspond pas nécessairement au sexe assigné à la naissance. Il est essentiel de reconnaître et de respecter l'identité de genre d'une personne, car elle joue un rôle central dans son image de soi et son bien-être général. 

Normes de genre

Les normes de genre régissent la répartition des rôles entre les sexes, c'est-à-dire ce qu’il est convenu de faire quand on est fille/femme et quand on est garçon/homme. Ces normes découlent des stéréotypes liés au sexe et, en même temps, continuent à alimenter ces stéréotypes. Ce sont donc des ‘prescriptions’ conscientes et inconscientes concernant des aspects tels que :

  • Traits de personnalité
  • Rôle
  • Caractéristiques physiques
  • Préférences professionnelles


D'une part, ces normes fournissent un cadre qui crée des attentes spécifiques, souvent différentes pour les femmes et les hommes. D'autre part, ces normes indiquent comment les individus devraient eux-mêmes se comporter dans un contexte social donné. 

Stéréotypes de genre et sexting

Les stéréotypes de genre sont des croyances et des attentes rigides sur la manière dont les personnes devraient se comporter, paraître ou penser en fonction de leur genre. Ces stéréotypes perpétuent les préjugés en limitant et en catégorisant injustement des personnes sur base de leur sexe biologique. Le stéréotype selon lequel les filles doivent être attentionnées et sensibles, tandis que les garçons doivent être forts et réservés sur le plan émotionnel, peut entraîner des conséquences néfastes, telles que l'inégalité des chances et le refoulement des émotions. Cela va aussi engendrer un rapport différent lorsqu’il s’agit de chercher du soutien ou de l’aide dans des situations compliquées: faire appel plus vite ou plus tardivement, avec ou sans culpabili, voire même ne pas activer de laide du tout. Les stéréotypes de genre ne sont pas acceptables, mais ils sont souvent ancrés dans notre éducation et notre culture. Il est donc important d'en être conscient.


Si nous étendons ces stéréotypes de genre au sexting, nous constatons qu'ils jouent également un rôle très important dans ce contexte. Des études montrent que les garçons pratiquent le sexting autant que les filles. Cependant, il s’avère qu’il existe d'importantes différences dans la valeur accordée au sexting par les filles et les garçons.

 

Lorsqu’un homme envoie un sexto, il montre souvent ses organes génitaux, mais pas son visage. De plus, les hommes se promènent torse nu même dans des contextes non sexuels, de sorte qu'un sexto montrant le torse nu d'un homme ne révèle pas grand-chose de nouveau. Dans notre société, nous portons en effet un jugement de valeur différent sur la nudité masculine et la nudité féminine. Pourquoi trouvons-nous ‘normal’ que les hommes se promènent torse nu, mais pas les femmes ? Pourquoi Instagram supprime-t-il uniquement les photos montrant des tétons féminins ? Ce sont des débats et des thèmes qui préoccupent les jeunes et qui leur sont donc très familiers.


En général, les femmes pratiquent plus fréquemment le sexting pour montrer leur intérêt, (parce qu’elles ressentent une pression) pour être intégrées à un groupe, ou pour obtenir une apprrobation concernant leur corps. Elles envoient souvent des images sexy de tout le corps, ce qui augmente le risque qu’elles soient reconnues et condamnées publiquement si les sextos sont transférés.  
Les conséquences du sexting non-consensuel sont souvent beaucoup plus graves pour les femmes que pour les hommes. Les femmes sont davantage exposées aux risques d'atteinte à la réputation, de reproches, d'exclusion et de cyberharcèlement, une condamnation qui s'applique beaucoup moins aux hommes.


Bien que l'on soutienne souvent que les hommes sont moins susceptibles de connaître des expériences négatives liées au sexting non-consensuel, des études montrent que les stéréotypes de genre sont tout aussi préjudiciables pour les hommes. 


Il s’avère par exemple que lorsque des hommes sont victimes de sexting non-consensuel, ils sont censés réagir de manière décontractée et cool. Selon la société, les hommes ne doivent pas ressentir de malaise à ce sujet, ils en parlent moins ou ont moins de ressources pour en discuter, ou bien demander de l'aide est trop difficile. 

Le tabou du sexting

Les conversations concernant le sexting sont souvent marquées par la peur et la désapprobation. Le sexting est souvent décrit comme quelque chose de mauvais, sale, stupide, dangereux et/ou comme étant le fait de personnes faibles, peu sûres d'elles et sans respect pour elles-mêmes. Cette image négative du sexting empêche les jeunes de se mettre à la place de leurs pairs qui le pratiquent, ce qui les rend plus enclins à transférer des images sexy et à réagir de manière critique en cas de sexting non-consensuel.


Les normes actuelles en matière de genre et le tabou sur la sexualité, la nudité et le sexting encouragent le transfert d'images sexy de femmes. En raison du tabou sur la nudité et la sexualité, ces images sexy deviennent ‘excitantes’ et donc susceptibles de faire le buzz, ce qui rend leur diffusion plus attrayante. Cela contribue à la normalisation de cette forme de comportement sexuel non-consensuel. 

La double norme sexuelle

La double norme sexuelle est un ensemble de normes sociétales qui évaluent différemment le comportement sexuel des personnes en fonction de leur sexe. Il s'agit souvent d'une attitude plus tolérante à l'égard des expressions sexuelles masculines, alors que le comportement sexuel des femmes est sévèrement critiqué. Cette double morale peut contribuer à la perpétuation des stéréotypes de genre ainsi qu’à une dynamique de pouvoir inégale dans les relations.


Les femmes sont davantage confrontées au sexisme, et ce de manière très spécifique. Elles sont par exemple sexualisées plus rapidement que les hommes en ce qui concerne les vêtements ou les partenaires sexuels, mais cela ne s'arrête pas là. Les femmes sont également confrontées au sexisme dans des contextes tels que l'éducation, le travail, les affaires sociales et la politique. Il suffit de penser aux commentaires dont les politiciennes font l’objet concernant leurs choix vestimentaires ou leur voix.


Cette inégalité entre les genres est née de la position subordonnée assignée aux femmes tout au long de l'histoire et qui n'a toujours pas été éradiquée à ce jour. La normalisation des stéréotypes de genre en matière de sexe et d'expression sexuelle est liée au victim blaming (blâmer la victime). On excuse souvent les hommes qui transfèrent des sextos sans consentement en déclarant ‘bah, ce sont des hommes’, ce qui déplace la responsabilité principalement sur les femmes qui auraient tout simplement dû anticiper et éviter les risques. 

Conclusion

Le genre constitue un aspect complexe et multiple de notre identité, et joue un rôle important dans la formation de notre comportement et de nos attitudes. Cependant, il est essentiel de reconnaître qu'il existe également des attentes rigides et stéréotypées associées au sexe.


Ces attentes sociétales peuvent influencer divers aspects de notre vie, y compris le sexting. L'existence de ces stéréotypes binaires souligne l'importance de les aborder et de les remettre en question.


En promouvant une compréhension plus inclusive et nuancée du genre, nous pouvons encourager une attitude plus saine et plus respectueuse à l'égard du sexting et faire en sorte que les personnes se sentent capables de faire des choix réfléchis et volontaires.